HOMOPHOBIE, TRANSPHOBIE ET BIPHOBIE : A la rencontre d’une drag queen

Le 17 mai, c'est la journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie. Une bonne date pour vous familiariser davantage avec un autre monde extraordinaire. À l’occasion de cette journée, YESforLOV vous propose de mettre un peu de glamour dans votre quotidien, de vous faire voyager dans un univers parallèle. Pour vous, nous sommes partis à la rencontre d’une drag queen, Lady Purple, pour qu’elle nous fasse découvrir ce monde haut en couleur…

À l’origine de cette journée se trouve une organisation québécoise, Émergence. Elle l'instaure pour la première fois le 4 juin 2003. Suivie de près par l’association Collectif des associations étudiantes LGBT d'Île-de-France en 2004, l’idée de célébrer la tolérance pour les différentes orientations sexuelles se repend à l’échelle locale, puis mondiale. Le choix du 17 mai fait écho au retrait de l’homosexualité classification mondiale des maladies de l’OMS en 2005.

TÊTE-À-TÊTE AVEC UNE DRAG QUEEN

TÊTE-À-TÊTE AVEC UNE DRAG QUEEN

Le jour, Laurent est un commercial parisien comme vous et moi. Pourtant la nuit, il se transforme en une diva rayonnante, habillée d’une magnifique robe à strass et à sequins et coiffée d’une perruque digne de Brigitte Bardot dans ses jeunes années. Grâce cette tenue, Lady Purple entre dans un monde où l’art et la liberté d’expression sont les maîtres mots. Pour cet univers où l’on joue avec son identité, Lady Purple crée ses propres vêtements et invente des maquillages tous plus excentriques les uns que les autres. Grâce à mon entrevue avec elle, je vais revenir avec vous sur les différents éléments qui constituent une drag queen. 

COMMENT LES DRAG QUEENS SUBLIMENT-ELLES L'ART DES COSTUMES, DU MAQUILLAGE ET DE LA SCÈNE ?

1. Les habits


Les drag queens portent des vêtements radieusement excentriques. Lady Purple m’expliquait que c’était sa mère qui lui cousait ses vêtements de scène. Pour ce qui est de tous les sequins et paillettes, elle envoie ses tenues en Thaïlande, car là-bas, la main d’œuvre est bonne avec ces matériaux. Selon elle, plus la tenue est extravagante, plus le spectateur apprécie. Un habit imposant accentue l’idée d’inaccessibilité que les drag queens se donnent.

Pour prendre encore plus de hauteur, Lady Purple se perche à 40 centimètres du sol avec des talons que je défie quiconque de porter. Pour ce qui est de la coiffure, les perruques font aussi partie intégrante de la tenue. Achetée lisses, ce sont aux artistes de les styliser en fonction de leurs goûts et leur couleur. Pour sa part, Lady Purple fait coiffer ses perruques par un ami coiffeur. 



2. Le maquillage


Une grande partie du changement d’identité passe par le maquillage. Il y a deux manières de transformer son visage. Dans le cas d’une drag queen, le but du maquillage est d’attribuer des traits féminins au visage tout en les exagérant. Lèves exubérantes, yeux de biche ornés de faux cils, pommettes proéminentes et rosées à souhait, tout le visage est sublimé. Ce travail titanesque peut prendre jusqu’à plusieurs heures avant un spectacle et donne naissance à toute sorte de créatures. Voici un exemple de maquillage fait par la célèbre drag queen Nicky Doll. 

Dans le cas d’un show transformiste, le but est de reproduire les traits d’une autre personne que l’on va ensuite incarner sur scène devant un public. Un soir Whitney Houston, un autre Céline Dion, Lady Purple entrent dans la peau d’un personnage chaque soir de représentation.


Le maquillage passe par beaucoup d'étapes, mais la première reste de faire disparaitre ses sourcils avec la fameuse colle, souvent violette. S'en suit un enchainement de couches de maquillages permettant de rentrer dans la peau d'un nouveau personnage. L'exemple parfait de créature qui prend vie grâce au maquillage est Juno Birch. À travers son fond de teint violet, Juno ne fait plus qu'un avec la créature qu'elle a elle-même imaginée. 



3. Le jeu d’acteur


On fait le show pardi ! Les soirées drag queens sont souvent rythmées par des shows de lip-sync. C’est-à-dire que les artistes font du playback. Cela leur permet de se concentrer sur la danse. Tout l’art repose dans la manière de respirer, de s’approprier le numéro. Avec cette imitation de star vient toute une attitude de diva inaccessible qui dégage un taux de confiance en soi et qui fait un bien fou !


Dans le monde du drag queen, il existe des traditions qui se transmettent. La première personne qui vous introduit aux pratiques du drag s’appelle votre « mère ». Se forment ainsi des familles, comme par exemple la famille Deer. Composée de 3 générations, la famille est reconnue de manière internationale. Même si l’art du drag est assez récent dans l’histoire, le fait d’être un homme qui s’habille en femme n’est pas une idée nouvelle. Dès le théâtre antique, les hommes jouaient des rôles de femme sur scène, car les femmes ne pouvaient pas être actrices. Le terme drag viendrait d’ailleurs des traines des robes des acteurs jouant des femmes lors du 18e siècle. 


Cet art est mis en avant dans les cabarets et tous les autres lieux de représentation. Mais il connait un public plus important depuis les années 90, lorsque certaines drag queens comme RuPaul ont commencé à se faire connaitre. Depuis quelques années d’ailleurs, RuPaul est à l’origine de l’émission de télé-réalité RuPaul’s Drag Race qui donne un aperçu très réaliste de l’univers du drag, des comportements et des uses et coutumes de ce milieu. Il y a toute une distinction autour du langage utilisé qui est très spécifique. Je vous conseille d'ailleurs de vous documenter un peu là-dessus avant de commencer à regarder un show parce que sinon, vous allez ramer. (Psssst, regardez ça, c'est cadeau, ça vous évite les recherches !)



4. Les valeurs

Mon choix de mettre en avant cette communauté en ce jour ne repose pas sur le fait que la plupart des drag queens sont homosexuelles et parfois transgenres, loin de là (ce serait d’ailleurs un amalgame). J’ai voulu mettre cet univers en avant, car il renvoie un message de tolérance. Tout le monde peut faire du drag, tout le monde peut s’inventer un personnage, une créature, un caractère. L’inclusivité est un message fort de la communauté qui pratique le drag. Leurs revendications identitaires pour plus de tolérance nous inspirent un message d’acceptation générale de nous même, mais aussi de chacune de nos facettes, aussi conventionnelles soient-elles. 


Au-delà d’être un vecteur de valeurs positives, le drag est un réel art. Une grande part de mon admiration repose sur l’aspect autodidacte de la discipline. Comme me l’expliquait Lady Purple, la plupart des drag queens apprennent par elle-même, cousent, se maquillent et se coiffent seules. C’est non seulement une performance technique, mais aussi visuelle, car après la mise en beauté vient la représentation. Que l’activité soit un hobby ou un travail à temps plein, l’art du drag appelle à se réinventer, à s’accepter et à exagérer les traits que l’on souhaite mettre en avant. Que votre drag queen soit une exagération de vous-même ou quelqu’un de complètement différent, le but est de le sublimer !

Je dirais que la plus belle manière de clôturer cet article est de vous rappeler de vous aimer tels que vous êtes, car « si vous ne vous aimez pas vous-même, comment diable comptez-vous aimer quelqu’un d’autre » (RuPaul).