Amour & Sexualité sans frontière: les différences notables entre la France et le Quebec

Cette semaine, nous avons rendez-vous avec Léa pour comprendre les différences culturelles et sociétales qui opposent les Français et les Québécois sur le sujet de la sexualité et des relations amoureuses. Expatriée au Canada depuis trois ans, elle a eu l'occasion de découvrir toutes sortes de formes d'amour ici, bien plus que ce qu'elle aurait pu rencontrer en France. Pour illustrer cette nouvelle manière d’aimer, elle a décidé de partager son histoire.

Le grand saut vers l'inconnu ! Direction le Canada

Le grand saut vers l'inconnu ! Direction le Canada

Lorsque je suis arrivée au Canada, j'avais à peine dix-huit ans. Je venais d’obtenir mon baccalauréat et je partais pour ce qui s'annonçait comme la plus grande aventure de ma vie. Plus de parents sur le dos, de nouveaux amis, de nouveaux endroits : le rêve de toute jeune adulte désireuse de s'émanciper. Seul bémol, je laissais mon premier amour derrière moi. Après de nombreuses discussions, j'ai réussi à le convaincre d'essayer une relation à distance. Bien que nous ne sachions pas quand ni comment nous nous retrouverions, nous avions décidé de faire confiance au destin. Une fois les grands au revoir faits, je décollais direction l'autre côté de l’Atlantique.


Un rêve de liberté, un chagrin d'amour et de nouvelles relations

Un rêve de liberté, un chagrin d'amour et de nouvelles relations


1. Mon nouvel environnement, mes première difficultés à Montréal terre d'aventures

À mon arrivée à Montréal, je passais mes journées à rencontrer de nouvelles personnes, venant de partout. Je remarquais cependant que beaucoup d'entre eux étaient français, ce qui n'était pas surprenant, car Montréal est très prisée par les Français grâce à la francophonie et aux accords bilatéraux facilitant l'immigration. Mes premiers jours se déroulaient presque entièrement hors de chez moi, étant donné que c'était la semaine d'intégration des premières années. Il ne me fallut que quelques heures pour réaliser que le décalage horaire serait un vrai défi pour discuter avec celui que je pensais être l'homme de ma vie. Six heures, une demi-journée. Nos rythmes ne s'accordaient plus.

2. S'adapter à la distance, un vrai casse-tête amour à travers les fuseaux horaires

Nous avons fini par nous habituer à notre nouveau mode de vie. Je restais tard pour lui parler à son réveil, et il se levait tôt pour me dire bonne nuit. La distance nous a appris à être créatifs, sexuellement parlant : masturbation simultanée lors de nos appels, photos sexy, tous les coups étaient permis pour signifier notre manque l'un à l'autre. Nous avions instauré un petit jeu continuel pour nous exciter, que ce soit en soirée, en cours ou au travail, maintenant une tension excitante entre nous. Nous avions même fait quelques acquisitions avant mon départ qui pimentaient nos ébats — surtout les miens.

3. La réalité des relations à distance : un défi à surmonter

Malheureusement, ce mode de vie était difficile à maintenir. Bien que je l'aimais de tout mon cœur, ma nouvelle vie me laissait peu de temps pour lui parler. Les premières conversations sérieuses ne tardèrent donc pas à arriver. En moi, je ressentais une contradiction entre mon amour pour lui et mon envie de découvrir de nouvelles choses. Lors d'une soirée, j'ai rencontré un Québécois qui me parlait de sa relation ouverte avec son copain. Bien que je savais que cela existait, je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui le pratiquait. En discutant avec lui, je me suis rendu compte que les Québécois semblaient beaucoup moins exclusifs que les Français. En essayant d'aborder le sujet avec mon « chum », la réponse ne s'est pas faite attendre : le non était catégorique. Après quelques mois à battre de l'aile et de gros dérapages de ma part, mon premier amour toucha à sa fin, non sans larmes. Bien que cette rupture m'ait brisé le cœur, elle marqua le début de ma découverte des coups d'un soir.

4. La fin d’une histoire, le début d’une autre : comment renaître des cendres ?

Ne soyez pas surpris si vous allez en club à Montréal. Les Québécois et Québécoises sont très libérés sur leur sexualité et très avenants. À vrai dire, je ne me souviens plus trop de la situation en France, mais j'avais l'impression que les filles ici étaient moins craintives à l'idée de passer pour faciles, même avec de nombreuses conquêtes d'un soir. Je me suis donc laissée séduire par l'idée de coucher sans sentiments. Au début, l'accent québécois me déstabilisait, mais je m'y suis habituée, au grand désespoir de mes proches. Il m'a suffi de croiser quelques Québécois séduisants pour que je trouve leur accent plus charmant. Après avoir enchaîné les rencontres en soirée et dans des lieux propices à la sociabilisation, j'ai décidé d'installer Tinder. J'avais envie de quelque chose de plus stable et moins éphémère. D'après une étude que j'ai réalisée pour mes cours, Tinder débouchait souvent sur des relations au Québec, contrairement à la vision que l'on pourrait en avoir en France.

5. L'exploration des rencontres : libération ou désillusion ?

Au début, j'utilisais l'application par simple curiosité, puis cela est devenu une habitude. Je « swippais » dans le métro, je matchais avec des gens de toute provenance, même si cela ne me procurait pas de réelle satisfaction. Jusqu'à ce garçon. Je me rappelle avoir souri en voyant sa photo, car je le trouvais extrêmement mignon. J'ai craqué et je lui ai envoyé le premier message, après avoir consulté mes amies qui me poussaient à le faire. J'avais l'impression que les filles québécoises étaient moins timides pour draguer, peut-être à cause de l'éducation ici. Je me suis laissée entraîner par cette dynamique et l'ai invité à prendre un café et à faire une marche au parc.

6. Une nouvelle conception de la relation : le temps du doute

Au cours de nos rencontres, j'ai remarqué que le stade de couple chez les Québécois arrivait plus tard. Pour lui, nous « nous fréquentions » sans pour autant devenir un couple ni être exclusifs. Cela m'a paru bizarre, car j'avais l'impression qu'en France, les choses auraient avancé plus rapidement. Néanmoins, nous avons passé plusieurs semaines ainsi, car il voulait vraiment prendre son temps et être sûr d'être « en amour » avec moi avant d'officialiser. J'avais du mal avec cette notion de fréquentation, mais cela donnait un réel sens au mot couple. Au moins, j'étais certaine de ne pas me retrouver en couple avec quelqu'un qui, quatre mois plus tard, me dirait qu'il n'était pas amoureux. Quand cela arriva enfin, et qu'il me dit qu'il voulait officialiser notre relation, j'étais la plus heureuse du monde.

7. Mes Réflexions personnelles, la quête de l'amour véritable

À date, ma vie ressemble à cela. Nous sommes vraiment bien ensemble, mais je sens que quelques changements s'annoncent. Cela fait plusieurs fois que nous parlons d'instaurer une relation ouverte. Bien sûr, il faut définir des règles, mais j'ai l'impression que cela est plus courant ici qu'en France. J'ai même rencontré un homme polyamoureux récemment, et avec mon « chum », nous nous sommes demandé si finalement, ce n'était pas la monogamie qui nous correspondait le mieux... Même si je ne regrette pas d'avoir expérimenté la relation à distance, ma relation avec un Québécois m'a beaucoup appris sur moi-même et sur la communication entre deux personnes, essentielle pour éviter les malentendus et les conflits. J'ai également appris à repousser mes limites de tolérance sans jamais les dépasser. Ici, j'ai l'impression d'être plus libre d'expérimenter ma vision de l'amour et du couple comme je l'entends, et cela me plaît.

Avec ma petite histoire, j’ai voulu vous donner un aperçu de ce qu’est l’amour à la Québécoise. Cette histoire est issue d’un mélange de ma vie et de celle de mon entourage et est destinée à vous laisser entrevoir comment les jeunes expatriés peuvent vivre l’amour et la sexualité de l’autre côté de l’océan. Vous avez pu voir avec moi les difficultés de la relation à distance, les différences entre l’amour chez les québécois et les français. Pour ce qui est du sexe, outre les expressions qui sont parfois déstabilisantes, tant qu’on est deux à vouloir la même chose, on finit par trouver un langage commun, je vous l’assure.