Que votre première fois vienne avec votre première relation ou pas, c'est le point de passage obligatoire pour démarrer votre vie sexuelle. Selon nous (enfin... moi et les autres jeunes avec qui j'ai pu parler), il existe une forme d'aura autour de la première fois, des idées reçues comme quoi elle se passerait « normalement » dans un lit, avec son premier copain ou sa première copine. Cette étape serait presque sacralisée comme étant le moment où un individu découvre sa sexualité en commençant par les préliminaires avec les mains, la bouche puis la pénétration et finissant par une éjaculation. Pourtant, ce que j'ai remarqué en parlant avec ma communauté, c'est que peu importe l'orientation ou le genre, il existe non pas une, mais deux grandes catégories de personnes.
D'un côté, il y a les personnes pour qui la première fois est un réel acte d'amour qu'il faut réserver à LA BONNE PERSONNE, un peu comme l'idéal que l'on aurait. Mais d'un autre côté, il y a les personnes pour qui c'est une sorte de banalité, de formalité voire même un brouillon sans grande valeur à griffonner pour s'assurer d'être prêt(e) lorsque la première personne avec qui l'on aura réellement envie de faire l'amour viendra.
Peu importe votre position là-dedans, le principal (et on ne le répètera jamais assez), c'est que vous vous sentiez bien. À partir de ce moment, libre à vous de « consommer » votre première fois comme vous l'entendez : avec votre premier amour, avec un coup d'un soir, dans un lit ou dans une voiture, de jour ou de nuit. La réalité derrière ces clichés est que la première fois est rarement incroyable. Sans que l'on en garde forcément un mauvais souvenir, le premier acte est rarement un exploit. Et c'est normal ! Lorsque vous commencez un nouveau sport, vous êtes difficilement le meilleur dès votre premier cours, non ? L'inconnu joue une grande part dans cette performance médiocre, mais d'autres raisons viennent s'ajouter à cela : stress, méconnaissance, pollution par la pornographie et j'en passe...
J'ai comme cette impression que la société nous renvoie une image de la sexualité qui est conforme alors que chaque relation est unique. C'est selon nous cette conformité qui vient mettre une forme de pression sur la première fois : chacun a comme volonté d'être « performant ».
J'ai aussi pu remarquer que la première fois n'était pas toujours, si ce n'est rarement, une découverte totale de la sexualité. Les adolescents autour de moi ont souvent commencé par se masturber. Bien que cette pratique soit un peu plus rare chez les filles, la découverte du plaisir ne se fait pas en une seule fois. C'est d'ailleurs une pratique positive, car elle permet de mieux connaître son propre corps et de découvrir ce que l'on aime. Et donc ainsi de pouvoir le communiquer directement à son partenaire.
Avant de parler d'autre chose, il y a un point sur lequel j'aimerais que nous réfléchissions ensemble à l'idée qu'il existe une première fois. Qu'est-ce que signifie la première fois pour vous ? La première fois que vous vous retrouvez nu devant une personne avec qui vous avez envie de faire l'amour ? La première caresse intime ? La première pénétration ? Dans l'esprit de beaucoup de personnes, la première fois revient à la pénétration. Pour autant, il existe mille et une manières de faire l'amour, le réduire à un seul acte ne serait-ce pas un peu réducteur ?
Cette perspective s'aligne beaucoup avec les différents témoignages que j'ai pu recueillir auprès de mes amis dans la vingtaine. L'idée d'une première fois sacrée et conventionnelle est beaucoup remise en question depuis que les jeunes générations se soucient beaucoup plus des aspirations féministes. L'idée d'un rapport trop phallo-centré en séduit de moins en moins.